CAPSULE VIN - Vendredi 22 mars 2024
Satellites de Saint-Émilion
C’est certain que l’appellation Saint-Émilion Grand Cru classé est renommée et grandiose, pour la plupart des châteaux on s’entend, mais ses prix souvent exorbitants nous laissent un peu pantois. On peut se rabattre sur les Saint-Émilion Grands Crus, souvent plus abordables et aussi, malheureusement, un peu sans âme, car il y en a un nombre considérable et il faut peut-être chercher un peu plus les petites pépites. On ne parlera pas des simples Saint-Émilion, ma foi, un peu inutiles. Mais il y a fort heureusement les satellites de Saint-Émilion que sont : Montagne, Saint Georges, Lussac et Puisseguin qui peuvent être très agréables.
Commençons donc par Lussac Saint-Émilion, la plus au nord.

La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Lussac Saint-Emilion » est caractérisée par des coteaux sur calcaires à « astéries » déposés lors de transgressions marines de l’Oligocène. Un réseau hydrographique important entaille ces coteaux, soulignant le relief, comme par exemple la Butte de Picampeau d’une altitude de 81 mètres. Les pentes laissent affleurer les molasses du « fronsadais », sablo-argileuses, et des faciès plus argileux. Vers le nord, l’altitude diminue doucement jusqu’au ruisseau du Palais, qui fixe la limite septentrionale de la commune de Lussac, avec des recouvrements par une formation détritique venue du Massif Central à l’Eocène et à l’Oligocène et constituée de sables, graviers et argiles sableuses. La vigne est implantée dans cette région à l’époque gallo-romaine, ainsi qu’en témoignent les vestiges archéologiques tels amphores ou serpettes. Lucius, propriétaire romain d’un grand domaine agricole a même probablement donné son nom à la commune de Lussac. Cependant le vignoble s’installe durablement au Moyen-Âge, après des périodes tourmentées de l’histoire. Des moines cisterciens fondent l’abbaye de Faize au XIIème siècle, dans la commune voisine des Artigues-de-Lussac. Ils défrichent et plantent la vigne sur les coteaux de la commune de Lussac et leur abbé, qui porte le titre de « Baron de Lussac », fait connaître ses vins à son archevêque et ses hôtes. En 1152, l’Aquitaine devient britannique par l’alliance d'Aliénor d'Aquitaine avec le roi d'Angleterre. Le commerce fluvial sur la Dordogne jusqu’à Bordeaux, puis maritime au départ du port de Bordeaux favorise le développement de la culture de la vigne pour produire le « claret », vin rouge clair dont les anglais sont friands. Ceux-ci perçoivent aux portes de Libourne, dès sa fondation en 1270, des « droits ou coutumes » sur les vins qui descendent la Dordogne et surtout ceux du Saint-Émilionnais. L’originalité du vignoble libournais et notamment lussacais tient surtout à sa structure foncière et sociale. La terre appartient à la population locale, paysanne ou bourgeoise, mais peu à la noblesse car trop éloignée de Bordeaux. Ceci explique le caractère très morcelé du paysage du vignoble. Au confluent de deux rivières, l’Isle et la Dordogne, les sols viticoles du Lussacais sont en majorité argilo-calcaires à argilo-limoneux. Le cépage merlot N a trouvé sur ces sols son terrain de prédilection Il est bien adapté aux sols argileux et bien drainés dont il apprécie le caractère frais et l’alimentation en eau régulée. Les autres cépages sont réservés aux sols à texture un peu plus chaude, sablo-graveleux ou sablo argileux, et aux sols argilo-calcaires bien exposés. La diversité des sols, alliés au mésoclimat très favorable à la culture de la vigne, confèrent, aux vins, richesse et complexité. Le climat océanique à tendance continentale (étés chauds, automnes longs et tièdes, hivers doux et généralement secs) favorise une lente maturité des raisins.

Lussac Saint-Émilion
Continuons avec Puisseguin Saint-Émilion qui se retrouve du côté est côtoyant le Castillon.
La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Puisseguin Saint-Emilion » est limitée à une partie de la commune de Puisseguin, correspondant à cette commune telle qu’elle était définie avant sa fusion avec celle de Monbadon en 1989. Cette zone est située au nord-est du département de la Gironde, à 48 kilomètres au nord-est de Bordeaux et à 10 kilomètres au nord-est de Saint-Emilion, en pays libournais. Le substrat géologique est caractérisé, dans la partie centrale de la zone géographique, par les terrains tertiaires aquitains d’origine marine représentés par un plateau calcaire à « astéries », dont l’altitude atteint 100 mètres.
Le relief est le résultat de la destruction partielle de ces formations par les rivières (ruisseau de La Barbanne en particulier). Le coteau, au pied de la table calcaire, laisse apparaître la molasse du « fronsadais », formation lacustre constituée d’une roche calcaire tendre à texture fine. Au nord et sur une frange à l’est et à l’ouest, cette assise disparaît, au profit d’un système détritique dénommé « Sables et graviers du Périgord », dépôts lenticulaires caractérisés par une alternance de sables grossiers ou de graviers avec des intercalations d’argiles silteuses. Sur le plateau calcaire, les sols sont argilo-calcaires de couleur rouge, peu épais, avec des faciès plus argileux sur la molasse du « fronsadais ». Sur les formations détritiques, les sols présentent des textures sablo-argileuses ou sablo-limoneuses avec quelques graviers épars. Ce sont des sols souvent lessivés de fertilité faible. La vigne est probablement implantée dans cette région à l’époque gallo-romaine, ainsi qu’en témoignent les vestiges archéologiques tel l’aqueduc creusé dans la roche sous le château de Roques. Établi sur un superbe tertre naturel dominant le ruisseau de la Barbanne, face au célèbre plateau de Saint- Émilion, Puisseguin associe dans son nom le mot « Puy » qui signifie « Mont » à celui de Seguin. Aux environs de l'an 800, ce lieutenant de Charlemagne s'installe sur ce lieu stratégique et y fait construire un imposant château. L'histoire du vignoble est entrecoupée par des périodes de conflits féodaux, puis par trois siècles de rivalité entre la Couronne de France et celle d'Angleterre sur la province de Guyenne. Il prend véritablement son essor au XVIIIème siècle sous l'influence d'un pionnier de l'agronomie viticole, Pierre Combret de La Nauze, qui introduit les cépages nobles, et pressent le formidable potentiel de ce site.


Puisseguin Saint-Émilion.
Montagne Saint-Émilion.
La prochaine destination sera Montagne Saint-Émilion.
La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Montagne-Saint-Emilion », dont le nom traduit le relief très vallonné, est limitée au territoire de la commune de Montagne dans le département de la Gironde. Cette commune se situe à 45 kilomètres de Bordeaux, en pays libournais, à 10 kilomètres au nord-est de Libourne. Les villages, surplombant la vallée de la Barbanne, étroite rivière séparant la commune de la juridiction de Saint-Emilion, au sud, sont perchés sur une colline à 86 mètres d’altitude. Le socle géologique de l’appellation d’origine contrôlée « Montagne-Saint-Emilion » est constitué d’un soubassement tertiaire constitué de dépôts calcaires lors de transgressions marines de l’oligocène. Ces roches calcaires friables ont été entaillées par les ruisseaux tels que la Barbanne, séparant le plateau de Saint-Emilion de celui de Montagne.
C’est sur le plateau calcaire que se sont construits les villages de Montagne, Saint-Georges et Parsac. Dans la partie ouest de la commune, durant le Quaternaire, la rivière l’Isle est à l’origine de dépôts alluviaux constituant des terrasses sablo graveleuses, tandis qu’au nord-est et au sud-est, en pied de coteau, on trouve des sols, issus de la roche-mère détritique, de texture sablo-argileuse ou sablo-limoneuse et présentant quelques graviers. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’encépagement était composé d’anciens cépages locaux tant rouges que blancs. Il est très largement dominé aujourd’hui par le cépage merlot N, cépage qui s’est répandu en Bordelais au moment du greffage, nécessité par la crise phylloxérique de la fin du XIXème siècle. Le greffage a réduit la tendance de ce cépage à la coulure et au millerandage.
Et le dernier satellite et peut-être le plus apte à la longue garde, le Saint-Georges Saint-Émilion.
La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Georges-Saint-Emilion », est constituée d’un plateau calcaire où s’est construit le village de Saint-Georges dominant le ruisseau la Barbanne. Elle est limitée à une partie du territoire de la commune de Montagne correspondant à l’ancienne commune de Saint-Georges avant la fusion des deux communes en 1973. Cette zone géographique se situe à 45 kilomètres de Bordeaux, en pays libournais, dans le département de la Gironde. Le socle géologique de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Georges-Saint-Emilion » est constitué d’un soubassement tertiaire constitué de dépôts calcaires lors de transgressions marines de l’oligocène. Ces roches calcaires friables ont été entaillées par des ruisseaux tels que la Barbanne, étroite rivière séparant au sud l’ancienne commune de Saint-Georges de la juridiction de Saint-Emilion.

Saint-Georges Saint-Émilion avec le château
Saint-Georges.
La présence de vigne dans cette région est attestée depuis près de deux mille ans, développée par les gallo-romains. On trouve, sur le territoire de l’ancienne commune de Saint-Georges, les vestiges d’une grande villa gallo-romaine du siècle d’Ausone, poète du IVème siècle. Sur ces terres s’est construit le château Saint-Georges ayant appartenu à Henri IV. En 1152, l’Aquitaine devient anglaise par l’alliance d'Aliénor d'Aquitaine avec le roi d'Angleterre. Le commerce fluvial sur la Dordogne jusqu’à Bordeaux, puis maritime au départ du port de Bordeaux favorise le développement de la culture de la vigne pour produire le « claret », vin rouge clair dont les Anglais sont friands. La ville de Libourne, dès sa fondation en 1270, est un moyen, pour les Anglais, de percevoir des droits ou coutumes sur les vins qui descendent la Dordogne et surtout ceux du Saint-Émilionnais. Au Moyen-âge, la culture de la vigne se développe également sous l’influence des ordres religieux. De cette époque restent de beaux témoignages architecturaux tels que l’église romane de Saint-Georges rattachée au chapitre religieux de Saint-Emilion. L’originalité du vignoble libournais tient surtout à sa structure foncière et sociale. La terre appartenait à la population locale, paysanne ou bourgeoise, mais peu à la noblesse car trop éloignée de Bordeaux. Ainsi s’est constitué le paysage très morcelé du vignoble. L’unité de ce pays lui venait de sa petite capitale, Libourne, ville et port où un négoce florissant, jouant un grand rôle dans la promotion des vins, s’est installé. Toutes ses appellations ne sont réservées qu’aux vins rouges tranquilles, et comprennent les cépages principaux suivants : Merlot, cab franc, cab sauvignon, malbec et comme cépages accessoires le carmenère et le petit verdot sauf pour le Saint-Georges qui sont tous des cépages principaux.