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CAPSULE VIN - Dimanche 31 mars 2024

Montrachet

Bonsoir à vous.

Ce soir je vous parlerai du plus grand vin blanc, parait-il, le Montrachet. Le Montrachet (on ne prononce pas le 1er T) est un grand cru de 8 ha à cheval sur 2 communes, Puligny et Chassagne. Culminant au sommet de la hiérarchie, il est entouré par 4 autres grands crus qui portent tous le nom de Montrachet : Chevalier-Montrachet, Criots-Bâtard-Montrachet, Bâtard-Montrachet et Bienvenues-Bâtard-Montrachet.

Alexandre Dumas a dit au sujet de ce vin : `` Ces vins devraient être bu à genoux et chapeau bas ``

Pourquoi le Montrachet se révèle-t-il si passionnant ? il est situé sur une croupe exposée à la fois au sud et à l’est, et témoigne d’un terroir exceptionnel. James Wilson parle, dans son livre ``Terroir``, du merveilleux héritage géologique du Montrachet, de fins calcaires marneux entrelacés avec de la marne, sur une pente très douce. 4,01 ha du côté de Puligny et 3,99 ha du côté de Chassagne.

Montrachet
Montrachet
Montrachet

Puligny-Montrachet

Chassagne-Montrachet

Strictement parlant, le côté de Puligny est appelé Montrachet et celui de Chassagne, Le Montrachet. Mais cette règle semble plus ou moins appliquée. Sur 15 domaines, seuls 2, sur le millésime 1999, mentionnaient sur l’étiquette le Montrachet, Vincent Girardin et Fontaine-Gagnard. Une carte du grand cru souligne le contraste entre les parcelles de Puligny et celles de l’extrême sud de Chassagne. Les rangs de la première sont est-ouest tandis que l’extrémité sud de Chassagne sont exposés nord-sud.

On ne sait pas exactement à quand remonte la plantation des premiers ceps dans le Montrachet. En 1252 est mentionné le don de vignes et terres en Mont Rachaz de Pierre et Arnolet de Puligny à l’abbaye de Maizières. Un registre de baux prouve, en 1483, qu’il y avait des plantations du côté Chassagne du Montrachet, où se trouvait la vigne blanche du seigneur.

En 1710, Charles de la Boutière, seigneur de Chassagne, de Chagny et du déjà convoité Montrachet, lègue ses propriétés à son gendre, Jean-François-Antoine de Clermont-Montoison. Sa petite-fille épousera Charles-Amable de Laguiche en 1776, lequel finira sous la guillotine en 1794. Pour autant, les Laguiche réussiront à remettre la main sur le Montrachet peu de temps après la révolution française- aujourd’hui encore ils en possèdent la plus vaste parcelle, 2ha.

Montrachet

En 1931, le comte de Moucheron proposa que tous les propriétaires de Montrachet s’astreignent à le mettre en bouteille au domaine en mentionnant sur les bouchons et l’étiquette le nom du domaine et du vin, et en convenant d’un prix plancher pour chaque millésime. Il envisageait aussi la possibilité de tout déclasser, d’un commun accord, les années faibles. Il était en avance sur son temps mais sa proposition ne fut pas retenue, malgré le soutien d’autres vignerons de Meursault tels le comte Lafon et Jaques Prieur. Ou peut-être que l’idée venait de Meursault et non de Puligny. 

Le Montrachet compte 16 propriétaires. L’un d’entres eux ne produit cependant pas de vin sous son nom propre. On trouve aussi du grand cru, en petites quantités, chez divers négociants. Ces derniers ne révèlent pas leurs sources mais il est permis de croire qu’ils s’approvisionnent auprès de Boillereault de Chevigny et de Baron Thénard.

Parlons des propriétaires.

Guy Amiot : 9 ares seulement

Blain-Gagnard : 8 ares. Jean-Marc Blain a récupéré la parcelle de Jacques Delagrange au départ à la retraite de ce dernier en 1999. Avant cela il cultivait la parcelle de son grand-père qui est revenue à Richard  Fontaine-Gagnard en 1996 au décès d’Edmond Delagrange-Bachelet.

 

Domaine Boillereault de Chauvigny,  80 ares: les familles de Regnault de Beaucaron et Guillaume possèdent les parcelles 118 à 121, bien qu’elles n’aient jamais produit de vin elles-mêmes. Les parcelles font partie de la succession Bouchard grâce au mariage de Lucie, fille d’Anne-Marie

 

Bouchard avec Ferdinand Boillereault en 1875. Le Montrachet est cependant vendangé et pressé par Louis Latour, qui en distribue ensuite quelques pièces aux négociants.

 

Bouchard Père et Fils, 11 ares: Bernard et Adolphe Bouchard achetèrent en 1838 1,94 ha à la famille Mandelot. Une partie de ce patrimoine s’est transmise de génération en génération à ce qui est maintenant le domaine Boillereault de Chauvigny, mais la grande parcelle 67 appartient toujours à Bouchard Père et Fils.

 

Marc Colin, 11 ares : seulement 600 bouteilles par an.

 

Domaine d’Eugénie, 4 ares : les anciens propriétaires du château de Puligny-Montrachet avaient acheté la parcelle 172 en 1995, mais cela leur permettait de ne remplir qu’une demi-pièce de vin. En 2012, le nouveau propriétaire, Étienne de Montille, a vendu ces 4 ares à François Pinault (château Latour, domaine d’Eugénie).

 

René Fleurot, 4 ares : ces 4 ares sont tout ce qui reste de la vaste parcelle qu’acheta en 1919 la famille Fleurot, du château Passe-Temps à Santenay. Au fil du temps, les vignes se sont vendues à Edmond Delagrange-Bachelet, domaine Leflaive et au château de Puligny-Montrachet.

 

Fontaine-Gagnard, 8 ares : cette parcelle fut achetée en 1978 à la famille Fleurot et fut transmise à Richard Fontaine-Gagnard à la mort d’Edmond De la grange.

 

Domaine des Comtes Lafon, 32 ares : le comte Jules Lafon acheta la parcelle 37 en 1919 mais il a fallut cependant attendre 1935 pour voir un Montrachet mis en bouteilles au domaine. Dominique Lafon en reprit en 1991 l’exploitation à Pierre Morey, qui l’avait en métayage jusqu’alors.

 

Marquis de Laguiche (photo), 2,06 ha. : Les 2 premiers ha du côté de Puligny appartiennent aux Laguiche, qui se chargent du travail des vignes. Un accord avec la maison Drouhin permet à celle-ci de vendanger, de vinifier et de vendre les vins.

Lamy-Pillot, 5 ares : le domaine exploite en fermage qui appartient à Mlle Petitjean.

Domaine Leflaive, 8 ares : a acheté la parcelle 134 au domaine Fleurot en 1991. Il a ensuite embauché Pierre Morey qui avait perdu le métayage des Comtes Lafon.

 

Jacques Prieur, 59 ares :

Château de Puligny-Montrachet, 4 ares vendus à François Pinault.

 

Domaine Ramonet, 26 ares : la parcelle 66 achetée en 1978, les vignes plantées en 1938 ont été arrachées dans les années 80 et replantées en 1990, le premier millésime date de 1992.

 

Domaine de la Romanée-Conti, 68 ares : la DRC est le 5è plus gros propriétaire du Montrachet. Le domaine met un point d’honneur à vendanger tard, estimant que cela permet au caractère du Montrachet de s’exprimer pleinement. En dégustation, à l’ouverture, cet aspect vendanges tardives ressort avec force.

 

Baron Thénard, 1,84 ha : pendant longtemps, Remoissenet a distribué leur Montrachet. Aujourd’hui, le vin est pour partie vendu sous l’étiquette du domaine, pour partie vendu à différents négociants, dont Jadot.

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