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CAPSULE VIN - Jeudi 4 avril 2024

Le clos Saint-Jacques

Bonsoir à vous.

Le Clos St Jacques, 6,70 hectares, à Gevrey-Chambertin, pourrait prétendre à devenir un grand cru mais tout en fut décider autrement, pour l’instant du moins. Voyons plus loin les raisons de cet état.

Le fait est, que malgré qu’il ne soit seulement qu’un 1er cru, son prix dépasse souvent les Grands Crus que sont les Mazis-Chambertin, les Latricières-chambertin, le Griotte-Chambertin, le Mazoyères-Chambertin,  le Charme-Chambertin, le Chapelle-Chambertin, le Ruchottes-Chambertin, à part le Chambertin et le Chambertin Clos de Bèze.

Le clos Saint-Jacques

Le Clos, entouré de ses murs de pierres sèches et qui s’étend jusqu’à la forêt. Le Clos tient son nom d’une statue de Saint Jacques qui marquait autrefois une halte spirituelle sur le chemin des pèlerins de Compostelle. En 1909, la carte des vins de l’importateur londonien Berry Bros qualifiait le Chambertin Clos St Jacques monopole 1904, de vin très raffiné destiné à la garde. Avec sa pente raide, exposée au sud et à l’est, le Clos St Jacques pourrait, il est vrai, aisément prétendre au rang de grand cru. S’il ne l’est pas devenu, c’est peut-être parce qu’il est séparé du Chambertin par une petite route, ou bien que l’histoire des hommes en a décidé autrement. Car à l’époque du classement en grand cru, le très hautain comte de Moucheron, propriétaire du Clos, ne condescendit pas à s’abaisser à remplir les formulaires administratifs dudit classement, et se mit également à dos le tribunal en allumant une cigarette en pleine audience qu’il fut prié d’aller fumer dehors pendant que se déroulaient les débats précédant le jugement- c’est ce que rapportait à l’époque un témoin, Louis Trapet. Charlotte Fromont, une historienne bourguignonne, a démontré depuis que le comte de Moucheron n’était pas le propriétaire réel du Clos, qui appartenait à l’époque aux héritiers de la famille Serre, de Meursault, dont une descendante, Lucie Boussenot, était devenue comtesse de Moucheron. Mais elle ne rentra dans la jouissance des vignes qu’en 1939, et n’en obtint le monopole qu’en 1949, bien que son mari eût sans doute son mot à dire sur la gestion des vignes avant cette date.

Le clos Saint-Jacques
Le clos Saint-Jacques

Cette photo vous permet d’apprécier le Clos entouré d’autres premiers crus.

La petite chapelle qui contenait à l’époque la statue de Saint Jacques.

Le clos Saint-Jacques

Toujours est-il que le comte, peu doué en gestion patrimoniale, dut vendre le Clos en 1955. Aujourd’hui, la vigne appartient à cinq propriétaires seulement : Domaine Rousseau, Louis Jadot, domaine Fourrier, Sylvie Esmonin et Bruno Clair. Apparemment, si l’on en croit Jean-Marie Fourrier, c’est lors d’une partie de chasse dominicale que son propre grand-père et Charles Rousseau se partagèrent une parcelle, tandis que le grand-père Esmonin dut emprunter à la banque de quoi acheter la sienne, et la honte qu’il éprouva l’empêcha  de jamais se sentir capable de remettre les pieds au café du village.

Caractéristiques à ne pas négligées, les 5 parcelles sont tracées de bas en haut du Clos, un critère important assurant l’homogénéité qualitative de la cuvée. Tout en haut se trouve la marne blanche, au milieu, un sol caillouteux et en bas, l’argile brune (où était plantée de la luzerne dans les années 50). Cette combinaison de trois types de sols, alliée à une exposition parfaite, explique la complétude du vin – alliance de structure, de densité et de complexité. Pour autant, les propriétaires se satisfont de ce statut de super premier cru, et ne cherchent pas à le faire classer au rang de Grand cru.

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