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CAPSULE VIN - Lundi 25 mars 2024

Saint-Guilhem-le-Désert

Ce soir je vous parlerai d’une région que j’apprécie toujours plus à chaque fois que je trempe mes lèvres dans un verre rempli de ce cépage magique qu’est le riesling. Je pourrais vous parler de l’Allemagne bien sur avec ses rieslings perchés sur le bord de la Moselle, de l’Autriche aussi qui peut se targuer de produire des rieslings dignes de grand cru, mais je resterai en Alsace pour cette fois-ci. Je ne ferai pas un compte-rendu de l’Alsace au complet. Je peux cependant vous dire que l’Alsace se sépare en deux avec le Bas-Rhin au nord et le Haut-Rhin au sud (séparé par le village de Saint-Hyppolite) et qu’il y a 51 Grands Crus, dont les cépages acceptés sont le riesling, le gewurztraminer, le pinot gris et le muscat, toujours en mono-cépage. Mais il y a 3 exceptions cependant, dont deux, le Kaefferkopf et l’Altenberg de Bergheim, permettant de faire des assemblages et le Zotzenberg, qui peut accueillir le sylvaner en monocépage.

Je vous parlerai de trois d’entre eux qui ressortent du lot par leur réputation et par leur paysage à couper le souffle. En quittant la vallée de Munster, surplombant la ville de Turckheim, ce grand cru jouit d’un ensoleillement d’une grande intensité, exposition sud sud-est, il s’élève jusqu’à une altitude de 380 mètres. Brand veut dire brûlé. Aussi la légende veut-elle que, dans cette arène brûlante, le soleil combattit un jour un dragon qui fut contraint de trouver refuge dans une obscure caverne située dans la partie haute de la colline. Ce site est identifié au moins depuis le Moyen Âge. À cette époque, la vigne était défrichée à l’aide de brasiers, autre explication possible sur le nom du site.

Saint-Guilhem-le-Désert
Saint-Guilhem-le-Désert

Terrasses du Larzac

Un vignoble ancré dans l’histoire.

Les grecs et les étrusques plantent les premières vignes 6 siècles avant J.C. Les romains poursuivent cette œuvre de plantation en Languedoc, région que l’on connait alors sous le nom de la Narbonnaise. Sans doute dans un souci de protectionnisme, l’édit de l’empereur Dominitien en l’an 92, met un frein à la prospérité viticole languedocienne en interdisant toute plantation de vignes et en imposant l’arrachage de la moitié des vignes dans les provinces.

L’islam, du VIII siècle jusqu’au XV siècle, met en péril la viticulture méditerranéenne. En 1680, le Canal du Midi, œuvre de Paul Riquet, devient un maillon essentiel entre les vignobles méditerranéens et de l’Atlantique. À la fin du XIX è siècle, le phylloxéra n’épargne pas le Languedoc. La lente reconstruction du vignoble est suivie d’une nouvelle politique de qualité. Les premières appellations en VDQS (vin délimité de qualité supérieure) apparaissent, et qui se transformeront en AOC.

Je ne vous parlerai pas des AOC mais seulement un peu de quelques IGP.

Produisant plus de 80% des vins à IGP (anciennement vins de pays) français, le Languedoc-Roussillon offre toute une palette de vins, des plus légers aux plus complexes, issus d’un seul cépage ou de l’assemblage de plusieurs. Le problème pour l’amateur est de se retrouver dans ce dédale géographico-œnologique dans lequel on fait face à de nombreuses dénominations et à une multitude de cuvées.

La plus connue est certainement celle du Pays d’Oc. 40% du marché des IGP du Languedoc-Roussillon avec quelques 90 000 hectares répartis dans les 4 départements de l’Aude, du Gard, de l’Hérault et des Pyrénées Orientales. On peut aussi citer les IGP Cévennes, Cité de Carcassonne, Côtes de Thongue, Hérault, Coteaux de Béziers, le Pays Cathare, etc.

Mais je tiens à vous parler d’une IGP en particulier, Saint-Guilhem-le-Désert, à cause évidemment de son célèbre producteur. Essayez de deviner de qui je parle et j’y reviendrai plus tard.

Le plus beau village de tout mon voyage (avec La Minerve et Collioure) fut sans aucun doute Saint-Guilhem-le-Désert avec son roi platane en plein milieu de la place, l’abbaye de Gellone, le château du géant, mais c’est aussi une IGP.

Saint-Guilhem-le-Désert
Saint-Guilhem-le-Désert

C’est un vaste vignoble qui part des confins du Gard à l’est, englobe l’Hortus et le Pic Saint Loup pour venir se blottir aux pieds de la Séranne et du mont Baudille à l’ouest, en surplomb de l’Hérault, fleuve côtier. Au nord de Montpellier, garrigue, forêt et causse prédominent jusqu’au pied du Larzac et des Cévennes. Ce vaste espace naturel est riche de paysages remarquables où se succèdent collines et falaises calcaires. Sur les quelques terrains agricoles cultivables, le vignoble qui cohabite avec les oliviers est le plus souvent implanté en hauteur, ce qui confère aux vins une étonnante fraîcheur. C’est aussi un territoire pétri d’histoire. L’abbaye d’Aniane, fondé au VIII è siècle par saint Benoit, est l’une des pièces maitresses de la reconquête d’un pays en déshérence depuis la chute de la civilisation romaine. En 804, le comte de Toulouse et le duc d’Aquitaine Guilhem fonde une abbaye dans le vallon de Gellone alors à l’écart de toute présence humaine – un désert. L’appellation Saint-Guilhem-le-Désert (Cité d’Aniane) compte 6 caves coopératives, 34 caves particulières, qui produisent environ 10 000 hl.

Saint-Guilhem-le-Désert
Saint-Guilhem-le-Désert

Ce qui m’amène à vous parler du vignoble en question, l’aviez-vous devinez ?

C’est la Mas de Daumas Gassac de la famille Guibert.

 

En 1971, Véronique Guibert de la Vaissière, ethnologue et spécialiste de l’Irlande, et son mari Aimé, Mégissier et gantier à Millau, tombe sous le charme d’un vieux mas abandonné appartenant à la famille Daumas, dans la vallée du Gassac, près de l’ancienne abbaye d’Aniane. En 1972, sur les recommandations de leur ami Henri Enjalbert, ils plantent  17 000 greffons de cabernet sauvignon non clonés, issus de grandes propriétés bordelaises. Un chai sous-terrain est construit à l’emplacement de l’ancien moulin gallo-romain attenant au mas, sur les sources d’eau froide provenant de la rivière Gassac.

En 1978, Émile Peynaud, œnologue, conseille la première vinification. Embouteillé en 1980 sous la dénomination vin de table, ce premier millésime 1978 est composé à 80 % de cabernet sauvignon et pour 20 % de malbec, de syrah, de merlot, de cab franc, de pinot et de tannat. En 1986, le Daumas Gassac blanc voit le jour. Ce grand vin pensé sur la préservation du fruit, fait la part belle aux cépages viognier, chenin blanc, chardonnay, petit manseng, auxquels viennent se fondre une quinzaine d’autres cépages de la vieille Europe tels l’israélien Neherleschol (cépage biblique qui a donné le vin du miracle des Noces de Cana), le libanais Khodorni et l’arménien Tchila. En 1990 le rosé frizant se joint aux deux autres vins. Au début des années 90, Aimé Guibert crée le Moulin de Gassac sur les coteaux de Villeveyrac et sur les bords de l’étang de Thau (pour les blancs).

Depuis 2000, 4 des 5 fils d’Aimé, Samuel, Roman, Gaël et Basile, travaillent sur le domaine. Malheureusement, en 2016, Aimé nous quittait, un homme vrai et sincère que vous pouvez voir dans le film Mondovino.

Il y a beaucoup d’autres choses à dire sur le domaine et pour ce faire, aller voir leur site incroyable qui vous feront découvrir son travail.

 

Explorez les autres IGP du Languedoc-Roussillon, il y a de bien belles choses, surtout en Côtes Catalanes.

https://www.daumas-gassac.com/fr/

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