CAPSULE VIN - Mardi 26 mars 2024
Pouilly-Fuissé
Bonsoir à vous.
Bien sur il y a la Bourgogne que l’on connait, ou, que l’on envie, la Côte de Nuits et la Côte de Beaune qui nous fait saliver en sachant que la plupart des appellations seront tout simplement hors de prix. Mais il reste des petites pépites dans les appellations un peu moins glorifiées et qui sont merveilleuses comme le Mâconnais. Cependant dépêchez-vous car certains des domaines les plus prestigieux voient leurs prix grimper de façon exponentielle. Longtemps, le Mâconnais eut la réputation d’être, à l’exception de Pouilly-Fuissé, un réservoir de vin de masse, modestes et de consommation rapide - l’équivalent blanc des Beaujolais.

Depuis peu, la région se révèle pourtant la plus dynamique de Bourgogne, grâce à une nouvelle génération de vignerons qui osent les petits rendements et se lancent dans des élevages en fût, visant la complexité dans un style différent de la Côte d’Or, mais qui revendique la même méticulosité au vignoble et en cave. La production du Mâconnais, qui équivaut presque qu’à celle du Chablisien, n’a bien souvent droit qu’à l’aumône sur la carte des vins des bonnes tables. C’est au point que le vignoble Mâconnais se déclasse volontiers en Bourgogne Blanc, plus facile à vendre. On laissera de côté les Mâcon-Villages, tous les Mâcon avec le nom du village accolé, les Pouilly-Loché, les Pouilly-Vinzelles, les Saint-Véran et les Viré-Clessé pour cet exercice, je ne parlerai que de l’appellation Pouilly-Fuissé, qui sera amplement suffisante cette fois-ci. Je dirai cependant un petit mot sur le Mâcon Levrouté. Il fut un temps, question d’instaurer une catégorie à part pour ces Mâcon liquoreux, dans le style développé par Jean Thévenet : Vendanges tardives, pourriture noble (la peau se teinte de reflets violets, levroutés, comme le dit le patois local, de la couleur d’un jeune lièvre). Ce type de vin requiert forcément des rendements bas, des vendanges manuelles, des degrés supérieurs au maximum légal, et interdit la chaptalisation. L’appellation Pouilly-Fuissé compte maintenant 22 premiers crus depuis le millésime 2020 (voir la liste plus bas). Une centaine de lieux-dits de qualité avaient été identifiés, encourageant les producteurs à les vinifier séparément. L’appellation recouvre 4 communes : Chaintré, Fuissé, Solutré-Pouilly et Vergisson. Le nom de Pouilly s’est imposé de façon inattendue, y compris dans les appellations Pouilly-Vinzelles et Pouilly-Loché. C’est parce qu’autrefois le vin de la région se vendait sous le nom générique flou de Pouilly. L’aire d’appellation aurait pu être encore plus vaste si Davayé avait accepté d’en faire parti dans les années 1920.

La commune de Solutré-Pouilly.
Le hameau de Pouilly a fini par donner son nom à trois appellations et pourtant, pouilly n’est même pas une commune à proprement parler puisque le village est rattaché à celui de Solutré. Pouilly repose, en gros, sur la même strate géologique que les meilleurs secteurs de Fuissé, et a socialement plus de points communs avec Fuissé, qu’avec Solutré.

Chaintré.
La plupart des vignes sont bien exposées au sud et à l’est, dominant la plaine de la Saône. Chaintré manque rarement d’ensoleillement, au point que les vins en sont même meilleurs les années plus fraîches, disent certains. Les meilleurs lieux-dits sont situés en haut de pente (Aux Quarts, Les Verchères, la partie supérieure du Clos Reyssié). Là, le sol argilo-calcaire de surface repose sur une formation calcaire à entroques du bajocien. La partie ouest du village est plus granitique.

Fuissé.
Fuissé représente le cœur originel de l’appellation. Les moins belles parcelles occupent le flanc de cette cuvette vers le hameau des Mollards. Les vignes exposées à l’ouest ou au nord-ouest reposent sur un sol schisteux. Elles fournissent un vin assez léger, à boire rapidement. Le reste de la commune repose en revanche sur un sous-sol du bathonien (vers Pouilly, Le Clos, Les Vignes Blanches, Les Ménétrières) ou de calcaire du bajocien. Ce sont les dernières formations calcaires qui s’avancent en pays beaujolais granitique.

Vergisson.
Vergisson fut longtemps le parent pauvre de l’appellation, mais plus maintenant. Le village a fini par gagner ses lettres de noblesse, peut-être grâce au réchauffement climatique qui favorise les secteurs les plus frais et les plus en altitude durant les étés caniculaires. Mais aussi grâce au talent de ses producteurs, qui ont travaillé dur et consciencieusement pour élaborer de bons vins et de les faire connaître. Ainsi beaucoup d’entre eux privilégient-ils encore la vendange manuelle et le labour. (En Carementrant, Les Crays, La Verchère)