CAPSULE VIN -Lundi 15 avril 2024
Barolo Bussia
Ah ! Le Piémont, le nebbiolo (nebbia -brume), le Barbaresco mais surtout le Barolo.
Sur 11 communes dans le Langhe soient, la commune de Barolo, évidemment, La Morra, Verduno, Cherasco, Roddi, Castiglione Falletto, Grinzane Cavour, Novello, Serralunga d’Alba, Diano d’Alba et finalement, Monforte d’Alba, sur laquelle je m’attarderai plus longtemps. Quelques caractéristiques du Barolo : des rendements de 56 hl/ha maximum, 36 mois d’élevage incluant 24 mois sous bois, la mention Riserva quant à elle doit avoir 60 mois d’élevage dont 36 sous bois, et le tout avec un minimum de 13% d’alcool.
Nous pouvons séparer la région du Barolo en 2 types de sols, donc 2 types de vins. Sur les communes de Verduno, La Morra, Roddi, Barolo, et Novello à l’ouest de Castiglione Falletto, nous sommes sur des marnes calcaires de l’époque tortonienne (tortoniano) qui donneront des vins relativement fins, fruités, aromatiques qui se feront plus rapidement que ceux de la partie voisine.
Serralunga d’Alba et Monforte d’Alba sont quant à elles sur des sols de l’époque langhienne (helvétien) avec une proportion plus élevée d’argile et de grès, moins compact, plus pauvres et moins fertiles, qui donneront des vins structurés, intenses, qui vieillissent lentement. Quant à Castiglione Falletto, elle est située sur un éperon qui sépare ces 2 vallées, donc sera en sorte comme un mélange des deux.


Il y a comme 2 types de Barolo, la méthode classique, préconisée par les puristes, les anciens, qui consiste en de longues macérations avec une température plus ou moins contrôlée, avec des élevages de 2 à 6 ans en gros foudres ce qui donnera une couleur peu intense, des tanins abondants mais fins, peu exubérants en jeunesse mais vieilliront plus longtemps.
Et il y a la méthode moderne avec des macérations courtes en cuve inox avec les moûts chauffés pour une extraction de couleur et généreusement pigés et remontés. Élevage en petits contenants avec du bois neufs présents en général à 20% qui donneront des vins plus vite ouverts, relativement boisés, plutôt opulents et de style international en jeunesse.
Mais il y a aussi le style intermédiaire qui, devinez, sera un amalgame des 2 autres.
Le Langhe.
Revenons sur le Monforte d’Alba. Si vous me demandez pourquoi cette commune, je vous dirai, pourquoi pas. La commune la plus vaste avec celle de La Morra. On déclinera ses vins avec un alcool souvent présent mais qui lorsqu’à point, donne de l’opulence dans le parfum et la texture et aussi de la puissance dans la finale. Vins virils, solaires, qui comme les Châteauneuf du Pape, ont souvent besoin d’années pour se calmer et gagner en raffinement.
En ce qui a trait aux crus de Monforte d’Alba, je vous parlerai surtout de ceux de Bussia car cette vaste parcelle si l’on peut dire, renferme des joyaux et de grands vins et fut surtout le premier cru à vrai dire, que l’on appelle MGA (Menzioni Geografiche Aggiuntive), à être reconnu comme district distinct. Ce fut Beppe Colla, travaillant au domaine Prunotto, qui plaça en 1961 sur une bouteille le nom de Bussia. Avant cette période, la coutume était de mélanger les raisins de plusieurs parcelles afin de faire le meilleur vin possible.

La cappella (chapelle) del Barolo dans la commune de La Morra.
En 2010, quand la MGA Bussia fut créée, sa frontière fut élargie jusqu’à 300 hectares ce qui en fait donne 17% de toute l’appellation Barolo car celle-ci est de 1800 hectares, ce qui rend impossible cette large région à donner des vins de qualité égale. La différence d’altitude, de 220 mètres à 460 mètres, l’exposition sud pour les meilleures parcelles et est pour certaines, et les différents sols qui ne sont pas tous de mêmes constitutions.
Allons-y avec les plus renommés de tous, surtout grâce à un certain Aldo Conterno qui en fait 3 cuvées quasi monopolistiques, le Colonello, le Cicala et surtout le Romirasco, qui ressortent du lot et par le fait même sa cuvée Granbussia, assemblage des trois crus précédents avec les plus vieilles vignes dans les meilleures années seulement. Le Gabutti et le Bussia Soprana sont de très belle renommée également.

Approche approximative des éléments constitutifs de l'AGM de Bussia


Colonello
Cicala avec en arrière-plan au loin le village de La Morra
Viennent ensuite le Pugnane, le Munie, le Bussia Sottana, le Dardi et le Pianpolvere. Le secteur sud est vraiment considéré comme le parent pauvre, sans vouloir dire qu’ils sont mauvais mais ils n’ont pas la prestance de ceux plus au nord.
On pourrait parler longtemps des autres crus et communes du Barolo mais nous en aurions pour des heures. Je voulais simplement faire un clin d’œil à une région en particulier. Tous et chacun ont leur moment magique avec ce nectar incroyable surtout quand il a au moins 10 ans d’âge si ce n’est plus.
Romirasco
